Divers

Virée à Gérardmer (1)

Ambiance d’écriture :

Le voyage vers l’est fut torrentueux. Nous couvrîmes le trajet en plus de six heures. Le choix d’emprunter les départementales, la nationale 4 et les artères sinueuses me permit, passagère, de ciller sur des panoramas divers et colorés. Des plaines agricoles ou boisées se succédaient. Quelques futaies, des vallons, des faubourgs organisés de chaque côté de l’asphalte, parfois quelques humains et souvent des êtres emplumés, plus rarement des bovins, me renseignaient sur les provinces que nous traversions. Le colza, les jachères inondées, les prairies de jonquilles, les lacs ceinturés par des berges verdoyantes, défilaient au rythme d’une conduite souple, parfois sportive mais rarement dangereuse. Nous n’avions pas fait autre chose que de bavarder. Des échanges cordiaux, dans la retenue, tous deux à apprendre de l’autre en privilégiant les convenances.

            Lorsque nous dûmes organiser notre pause méridienne, il verbalisa, sans tourner sa langue sept fois dans sa bouche, qu’il aurait bien tenté une restauration rapide, si je n’avais pas eu les codes et les exigences d’une cuisine de saveurs. Abasourdie par ce réquisitoire, mes doigts s’activaient sur l’écran de mon IPhone, et en quelques secondes, je le guidais vers un Burger King…

            Ce fut pour lui, la première occasion de constater que je n’étais pas celle dont il avait imaginé et que ce périple professionnel l’amènerait à écarquiller les yeux bien d’autres fois…

Extrait de mon journal

IV.MMXXIV