Défis d'écriture

Le passager du fauteuil B12 (3)

Dans un avion, il m’est difficile de me sentir autrement que derrière les grilles d’un pensionnat. Les règles énoncées par le personnel navigant dès lors que le zinc quitte son poste de stationnement, vous rappellent que vous devez la discipline et l’obéissance au commandement de bord. Le langage codé, les avertissements sonores pour verrouiller votre ceinture en cas de turbulence, la promiscuité des espaces, la qualité des repas et les bruits aérodynamiques et des turbines, n’est pas propice à l’endormissement, ni même à l’écriture.

Y a-t-il plus stressant que de devoir partager un peu de son intimité avec un passager fielleux, caustique, rustre, corpulent, grossier ou encore insignifiant durant un voyage qui vous emmène loin de vos repères ?

Il rangeait son bagage cabine lorsque je me suis présentée à la rangée 12. Les yeux clairs comme le verre, le teint hâlé, une barbe taillée, un corps entretenu, un parfum, véritable exhausteur d’aura perso et son sourire de bienvenue, me rassura instantanément. Etait-il l’un de ces chercheurs que je devais retrouver au Starbucks de l’aéroport Arturo-Merino-Benitez ?

Son pantalon cargo, son sweat à capuche et ses « palladium » montantes, le laissaient penser. À moins qu’il soit un homme d’affaires, préférant le camouflage du baroudeur au « m’as-tu-vu » orgueilleux et chic ?

Il me restait moins de quinze heures pour le découvrir…

Texte définitif : VI.VII.MMXXIV avant minuit

Ambiance d ‘écriture :