Cher Alain,
Les bons souvenirs sont généralement là pour vous décrocher un sourire.
Aujourd’hui, ils génèrent de la mélancolie. C’est un sentiment bien étrange ; un savant équilibre de tristesse et de rêverie où les aiguilles du temps tournent au ralenti.
Si je n’étais pas à des centaines de kilomètres de vous, je serais venue me poser là, tout à côté, vous chuchoter ce que je deviens, vous conter que, je vis la vie comme je la rêve. Pleine d’audace, de fougue et de mystère.
Mon travail n’est plus une priorité. Il est juste une ressource pour me permettre de belles évasions. Chaque jour, je me hâte de quitter le château qui me sert d’abri, pour me retrouver dans des espaces familiers et lénitifs. Mes nouvelles occupations sont de vrais antidotes à mes colères, que j’entretiens, il est vrai, tant elles m’aident à me surpasser. Un jour après l’autre. Voilà la devise ! Pas de place à des journées médiocres. Elles doivent être toutes, exceptionnelles et riches en jolies parenthèses de vie.
Cher Alain, je profite de cette quatrième lettre pour vous demander d’être plus prudent. Traverser le chemin bitumé de la sorte n’est pas digne d’un grand sage. Auriez-vous oublié, qu’il est de coutume de regarder des deux côtés avant de s’aventurer de la sorte ? Si vous préférez me faire signe le jour, je vous en conjure, choisissez une autre apparence qu’un goupil. Nous avons frôlé la catastrophe. Vous heurter m’aurait causé chagrin. Cependant, je vous remercie pour ce petit signe. Il m’a ravie tout mon lundi.
J’espère que vous serez heureux de recevoir, une nouvelle fois, une composition florale. Quelques primevères, des roses roses, des arums, le savoir-faire de la gentille fleuriste et le tour est joué !
Je vous propose de nous retrouver en juin ? Comme l’année passée ?
En attendant, je vous souhaite bon vent dans vos nouvelles péripéties.
Bigoudi
Texte définitif : VII.III.MMXXI