Lettres épistolaires

Cher Alain, (3)

Ambiance musicale :

Cher Alain,

Le monde s’apprête à fêter Noël.

C’est une période que je n’affectionne pas particulièrement. Les journées sont courtes, les individus sont harassés et la météo est très changeante.

Depuis votre départ, la planète vit au rythme d’une pandémie. Je me suis bien adaptée. Certainement, parce que j’ai beaucoup changé. J’aime ma nouvelle vie. Elle me convient bien. Les contraintes ministérielles ne perturbent pas mon humeur et mon enthousiasme.

Ponctuellement, je pense à vous. Je me souviens encore d’apartés que vous vous autorisiez, lorsque nous étions tous les deux dans le salon, devant le lave-vaisselle ou encore au jardin. Vous profitiez, alors, de chiper une gourmandise, de me confier un tracas, ou encore de partager un point de vue. Apprenez que vos mots n’ont jamais été rapportés. Ils sont nos secrets et le resteront à jamais.

À l’automne dernier, alors que je faisais partie d’une expédition nocturne pour étudier les chauves-souris, j’ai vu pour la première fois des lucioles. Elles étaient là, à clignoter, comme des guirlandes, comme des étoiles. Elles sont incroyables à observer. Vous vous approchez. Elles s’éteignent. Vous faites quelques pas de côté, elles se rallument. Si vous faisiez partie de ces intermittents du spectacle, alors j’applaudis. C’était un moment surnaturel et féérique.

Vous recevrez une visite le 23. Livraison d’une composition originale. Certains visiteurs pourraient penser que c’est incongru, inconvenable et qu’une jacinthe ou qu’un chrysanthème auraient fait l’affaire… Je pense que vous méritez mieux pour ce tout premier Noël loin des vôtres. J’ose espérer que vous ne serez pas victime d’un chapardage et que les papillons blancs vous tiendront compagnie durant cette dure saison.

Je partage avec vous ce joli poème. Je ne suis pas une adepte de ce genre littéraire, mais une recherche sur la toile m’a mené jusqu’à lui.

La mort des oiseaux

F. Coppée (1842-1908)

Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,

Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes.

Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que « les oiseaux se cachent pour mourir ?

A bientôt cher Alain. Je ne vous oublie pas.

Texte définitif : XXI.XII.MMXX

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