Divers

Chapitre 5 (en cours d’écriture)

Le soleil était à mi-hauteur lorsque j’empruntais les marches de la passerelle. Un peu plus de trois cents passagers s’étaient dirigés quelques minutes auparavant vers le Petit-Champlain, quartier aux ruelles pittoresques. Pour éviter les vieilles artères pavées et bordées de boutiques d’artisans locaux, je prenais la décision de me rendre à la BanQ par le bus. Je transportais l’amulette dans une sacoche de cuir. Même si l’objet avait entraîné des déshonneurs, orpheline de consœurs, j’étais excitée de consacrer mon temps à une imitation, qui semblait faire son petit effet sur un capitaine, certes aux charmes charismatiques mais pétochard.

Le bâtiment moderne, n’offrait pas moins de cinq étages pour mettre à profit mes recherches. Le rayon consacré à l’histoire amérindienne, à la Nouvelle-France était riche de références et c’est par hasard que j’entrepris de faire une première lecture d’un livre illustré écrit en langues autochtones. Le deuxième me permis d’apprendre que les artefacts cérémoniels, dont les bâtons de prière, les calumets, les sacs de médecine, décorés d’animaux sculptés dans la pierre, abritaient des esprits et des énergies.

Je n’avais pas pris le temps d’étudier le bijou et mieux, de prendre quelques photos. Contrainte de sortir l’objet pour en discerner les composants, sans me douter que d’autres yeux m’observaient, je posais la réplique sur le bureau de bois, sous la lumière blanche d’une lampe fixée par son socle.

Un avion de papier vint la heurter. Mon regard balaya la salle et se fixa sur un homme d’un âge mûr, semble-t-il, trop concentré par ses lectures pour être à l’origine de ce qui pouvait être une technique de drague. Je levais les yeux à la rambarde de fer ciselée. Aucune silhouette n’y était accoudée. Je saisissais l’origami. Il ne contenait aucun message sur les parties visibles. Lorsque j’entrepris de le démonter, je ressentis une puissance fiévreuse sur mon dos. Un bras, avec force, m’enveloppait le buste et m’empêchait toute liberté de geste. Je me raidis. Sa voix, m’invitait à ne pas bouger, à rester muette. Je cherchais du regard une âme. Tous, avaient la tête baissée sur des manuscrits, des carnets. Rien ne pouvait les sortir de leur état d’exaltation à enregistrer des connaissances, excepté peut-être un cri strident.

Les essences de la fragrance ne m’étaient pas inconnues. Je fermais les yeux et respirais à pleins poumons. Des notes d’épices boisées, de mandarine et de Lavande. La senteur sensuelle réveillait des souvenirs intimes et douloureux. Le biceps à découvert, gonflé, le souffle saccadé, il s’autorisait maintenant à glisser un Airpods dans l’orifice de mon oreille droite. Je frissonnais. Je me rappelais. La mélodie m’avait conduite à une grisante extase. Personne, pas même une aliénée, pouvait oublier un instant à la fois magique et désenchanté. Il avait été ce garçon, un peu brut et souvent doux. Un garçon qui vous promet des moments de vie éclairée par des sentiments authentiques. Si certains êtres amoureux sont séparés par la mort, d’autres se quittent au profit de quelques vivants. Et j’avais été la victime collatérale d’une décision légitime et noble dans les arguments.

Footloose – 1984 – Réalisation Herbert Ross