Lettres épistolaires

Lettre IV

Ambiance d’écriture :

Mon cher ex-amant,

En réponse à ton texto du lundi 4 novembre 2019

« Effectivement, plus que jamais ça m’appartient… »

Parce que je me dois de ne plus commettre les mêmes erreurs, je me suis fait la promesse de ne plus jamais sortir d’un deal I. L’acte charnel est si éphémère, le souvenir si évanescent et la sincérité du partage si incertain, qu’il est prudent de ne pas engager, plus que de raison, de gros sentiments. Garder le secret, ne pas ébruiter la nouvelle rencontre, garantit une grande liberté et d’enthousiasmants moments. Ne dit-on pas que pour vivre heureux, il faut vivre caché ?

Ce choix me conduira parfois à respirer sans assistance pour affronter au grand jour une dure réalité de vie, mais je préfère de loin un soutien discret qu’une vie sous surveillance. La famille, les collaborateurs, les amis, les confidents observent, jugent, condamnent, stigmatisent, s’amusent, s’agitent, s’effrayent, s’inquiètent, persiflent. Épargner au prétendant du moment des gueuletons amicaux et des rencontres de tribus, c’est m’éviter des contrariétés dues à des discussions longues et oiseuses qui n’aboutissent à rien de positif, des partis-pris ou des jugements de valeur qui ne sont pas les miens, mais qui finissent par altérer l’appréciation de l’amant. Je fais donc le serment de ne jamais plus présenter, à quiconque, celui qui retient mon attention.

Si mon obsession de la discrétion oriente mes pas, je n’avance pas sur le plateau de jeu, les yeux bandés, les oreilles isolées, la bouche scotchée et les mains ligotées. Je sais que tout excès est pernicieux. Alors j’inspire, j’expire, je marche, je trottine sans jamais courir. Et s’il m’arrive d’être taciturne ou épris de doute, j’allume mon Sonos et en avant pour une playlist de choix. Le remède est efficace. Me voilà à fredonner et à battre le tempo. Je suis sortie d’affaire. Ma tête est de nouveau connectée avec mes pieds et mes bras.

Lundi 18 de ce même mois, tu avais un « truc » à me dire pour reprendre ton expression. Parce que je n’étais pas disponible et parce que l’information n’avait pas un caractère urgent, tu as décidé de ne pas dévoiler l’objet de ton appel. N’hésite pas à laisser un message sur ma boite vocale s’il s’agit que d’un scoop. Mardi 26, tu te manifestes de nouveau. Cette fois-ci, il s’agit d’orchestrer un échange verbal. Tu sembles pressé au vu d’une prochaine rencontre avec Bou. Je pense m’être déjà exprimée sur le sujet. Vos rencontres, vos discussions ne me regardent pas. Je suis hostile à rien. Alors relax et faites comme bon vous semble.

Au verso de la lettre

Lettre postée le XXIX.XI.MMXX

1 commentaire

  1. Commentaire déposé sur Scribay
    J’adore le côté « constat/prise de décision/objet de la lettre » couplé avec le sentiment de « work in progress » émanent des justifications – limite surchargées, comme si l’auteure cherchait à convaincre alors qu’elle ne devrait pas, en plus de justifier sa démarche à son ex… ou en tout cas de lui dévoiler à quel point sont contact a fait évoluer sa psychologie. Je SURKIFFE la fin, qui – on dirait – retranscrit si bien une réalité vécue – qui nous donne le sentiment que l’individu ne mérite pas le quart d’une telle lettre !

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